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Faut-il créer un seuil de richesse ?


Il existe un seuil de pauvreté monétaire mais pas de richesse. L’Observatoire des inégalités veut en créer un, l'Insee est réservé sur son utilité.

On sait déterminer un seuil de pauvreté monétaire. Il est fixé en France à 60 % des revenus médians de toute la population. Il est calculé dans plusieurs pays dont ceux de l’Europe et permet ainsi d’établir des comparaisons. En 2019, cela visait les personnes vivant seules percevant un revenu mensuel disponible variant de zéro à 1 102 euros ou de zéro à 2 314 euros pour un couple avec deux enfants âgés de moins de 14 ans, etc. Mais l’Insee ne publie pas de seuil de richesse. Seul l’Observatoire des inégalités, association privée, en fixe un. Il est égal au double du niveau de vie médian soit, pour 2019, 3 673 euros par mois après déduction des impôts (principalement l’impôt sur le revenu) pour une personne seule, 5 500 euros pour un couple sans enfant et 7 700 euros pour un couple avec deux enfants. Le nombre de personnes dont le niveau de vie dépasse le double du niveau de vie médian serait de 4,5 millions en 2019, contre 5,2 millions en 2010, soit 745 000 personnes en moins.

L’Observatoire rappelle qu’un seuil est « toujours arbitraire ». Par exemple « à revenus semblables, la situation d’une famille locataire dans une grande ville aux loyers élevés est incomparable à celle d’un propriétaire sans endettement dans une petite ville ». L’Insee estime que créer un seuil de richesse à l’instar du seuil de pauvreté ne peut se concevoir « sans qu’ait été réfléchie et discutée au préalable l’utilité d’un tel seuil pour l’ensemble des politiques publiques ».

Autrement dit, ce seuil n’apporterait pas une meilleure connaissance de la répartition des revenus. L’Insee préfère publier les niveaux de revenus des 10 % des Français les plus aisés. Ainsi, pour l’année 2018, les 10 % de la population la mieux lotie ont perçu un revenu initial (avant paiement des impôts), par unité de consommation, supérieur à 47 990 euros par an. Celles appartenant aux 1 % les plus aisées ont disposé d’un revenu supérieur à 115 880 euros par an. Il s’agit des personnes vivant seules ayant perçu 9 660 euros par mois, 17 390 euros pour un couple avec un enfant de moins de 14 ans, etc. La richesse ne se mesure pas seulement par les revenus, mais aussi par la fortune. Entre 1998 et 2010, le patrimoine moyen des 10 % les plus fortunés était passé de 552 700 euros en 1998 à 1 243 000 euros. Quant aux 500 plus grandes fortunes professionnelles, elles ont vu leur valeur multipliée par quatre en dix ans. Et, entre 2018 et 2020, la richesse patrimoniale progresse à nouveau, le nombre de ménages imposés pour leur grande fortune immobilière a augmenté de 8 %.

Source : Observatoire des inégalités et Blog de l’Insee.